Ethan Greenbaum

Notice

January 9 - March 6, 2021

« Notice » is the third solo show of Ethan Greenbaum at PACT. On this occasion, the artist will release his brand new series on which he has been working for a year now. Greenbaum’s first book is to be released during the show, with the collaboration of Lyles & King Gallery in New York and The French National Center for Visual Arts (CNAP). The book will include a very special interview with Peter Halley, whom Greenbaum has been the assistant.

Interview with Peter Halley :

Peter: The wall pieces in some of your European exhibitions appear to me like simulations of tactile European abstraction. They feel so gestural, but they are totally digitally fabricated, like the piece titled |- (2017).

Ethan: That work was based on photos of hoarding fences. “Hoarding” is the technical term for construction fences, which is much more poetic sounding. I’m drawn to these as a kind of provisional architecture. They signal either decay or some new development going on—a ubiquitous New York situation. They’re also so voyeuristic with all their mandatory and accidental peepholes. The connection to European Abstraction is definitely part of the work. I’ve always loved abstraction and how it can support multiple interpretations. At the same time, I have a fascination with the specifics of the material and cultural world. I often find myself drawn to places where the two seem to meet—like those details of peeling paint on the fence. Photography is a way for me to collect and index these kinds of resemblances.

Peter: I really don’t quite have the in-depth knowledge of semantics to describe what’s going on in your work. But you assign depths to the relief elements that are completely different from what they should be in reality. Yet, since low-relief representation is so convincing to us, we read your work as hyperreal, not illusionistic. It becomes a distorted, alternative world. It’s almost like taking a drug—and seeing space in a different hallucinated way.

Ethan: That psychedelic sensation is important to me. In addition to the hallucinatory experience you’re describing, I remember thinking about how these works reminded me of the misalignment between objects and surfaces in 3D modeling. Many 3D programs use UV textures, which are basically an image skin that wraps around 3D objects and have all sorts of color and visual texture that doesn’t necessarily correspond to a form. I remember seeing this a lot in early 2000s video games—big chunky low-resolution rocks with lots of visual detail like dirt and moss laid on to make them more convincing. I thought about giving my work a similar excess of information, so it had the presence of the real thing while not trying to reproduce it accurately.

Peter: Ok, let’s go back to the beginning—how did you start making art?

Ethan: My parents are both ceramicists. It was the family business and what my brother and I did for entertainment, so making art was one of those givens already happening before it was decided.

Peter: Does your work have anything in common with your parents’ art?

Ethan: I think so. The pliability of clay—its tactility and the way it can make form, is a relationship I always wanted with art. Also, my father built many of our houses, which had a big imprint: seeing our home, with all the emotions and narratives it accrues, begin as raw materials had a something-out-of-nothing magic that stuck with me.

Peter: It strikes me that you’ve never been afraid to explore new processes—just like a ceramicist. When I first got to know you, your memories of growing up in Florida were very vivid. Do you still think of it as a formative influence?

Ethan: Definitely. It’s similar to how I think about my early experiences with clay—there is a physical memory in my body. Ultimately, Florida was a place I was glad to leave and that rejection was formative too. I left this southern, rural existence for grad school and a life in the city.

(…)

« Notice » est la troisième exposition personnelle d’Ethan Greenbaum à la galerie PACT. A cette occasion, l’artiste présente une nouvelle série d’oeuvres sur plexiglas, bois, et, pour la première fois, une série d’oeuvres sur papier. A mi-chemin entre photographies, sculptures et peintures, ces oeuvres hybrides suivent le même procédé de fabrication (auquel est ajouté le collage) que les séries précédentes -celui-là même qui rend la pratique de Greenbaum si singulière. Poursuivant l’intérêt de l’artiste pour l’environnement urbain, la manipulation digitale et le trompe-l’oeil, la nouvelle série de Greenbaum affiche néanmoins une esthétique radicalement nouvelle : « psychédélique » selon Peter Halley, avec qui Ethan Greenbaum s’est entretenu dans le cadre d’une interview exclusive. De plus la première monographie sur le travail de Greenbaum sera publié pendant l’exposition, avec la collaboration du Centre National des Arts Visuels (CNAP). 

Interview avec Peter Halley : 

Peter : Les œuvres murales de certaines de vos expositions en Europe s’apparentent pour moi à des simulations tactiles d’art abstrait européen. Elles ont quelque chose de très gestuel, mais elles sont entièrement fabriquées par des procédés numériques, comme la pièce intitulée |- (2017).

Ethan : Cette œuvre est basée sur des photos de palissades de chantier [hoarding fences]. « Hoarding » est le terme technique pour les palissades de travaux, ce qui est autrement poétique. Elles m’attirent dans la mesure où elles constituent une forme d’architecture provisoire. Elles signalent le délabrement, ou quelque nouvel aménagement en cours de développement – phénomène omniprésent à New York. Elles sont aussi tellement voyeuristes avec leurs interstices inévitables et accidentels. Le lien avec l’abstraction européenne fait indéniablement partie de l’œuvre. J’ai toujours beaucoup aimé l’abstraction et le fait qu’elle se prête à de multiples interprétations. En même temps, je suis fasciné par les particularités  [specifics] du monde culturel et matériel. Je suis souvent attiré par les lieux où les deux semblent se rencontrer – comme ces détails de peinture écaillée sur la palissade. La photographie est pour moi un moyen de collecter et de répertorier ce genre de ressemblances [resemblances].

Peter : Je n’ai pas la connaissance intime de la sémantique qui me permettrait de décrire ce qui se passe dans vos œuvres. Mais vous attribuez aux éléments en relief une profondeur qui diffère complètement de ce qu’elle devrait être en réalité. Pourtant, parce que la représentation en bas-relief nous paraît si convaincante, notre lecture de l’œuvre est hyperréaliste, et non illusionniste. Elle devient un monde alternatif et déformé. C’est presque comme prendre une drogue – et percevoir l’espace différemment, sous le coup d’une hallucination.

Ethan : Cette sensation psychédélique est importante pour moi. Outre l’expérience hallucinatoire que vous décrivez, je me souviens avoir réfléchi au fait que ces œuvres me rappelaient le décalage entre objets et surfaces en modélisation 3D. De nombreux logiciels de conception 3D utilisent les textures UV, qui sont en fait une image plane venant habiller les objets 3D de toutes sortes de couleurs et textures visuelles, sans que celles-ci ne correspondent nécessairement à une forme. Je me souviens avoir beaucoup vu ça dans les jeux vidéo du début des années 2000 – de gros rochers basse définition avec quantité de détails visuels comme de la terre et de la mousse, dont on les avait couverts pour les rendre plus crédibles. J’ai eu l’idée de donner à mes œuvres une surcharge d’informations similaire, de sorte qu’elles fassent vrai sans pour autant essayer d’en faire des reproductions fidèles.

Peter : Bien, revenons au début : comment avez-vous commencé à faire de l’art ?

Ethan : Mes parents sont tous les deux céramistes. C’était une affaire de famille et ce que mon frère et moi faisions pour nous divertir ; donc faire de l’art, c’était de ces évidences qui s’étaient imposées avant que ça ne soit décidé.

Peter : Vos œuvres ont-elles quelque chose en commun avec les créations de vos parents ?

Ethan : Je crois, oui. La malléabilité de l’argile – son caractère tactile et son aptitude à faire des formes –, c’est une relation que j’ai toujours voulu entretenir à l’art. Mon père a aussi construit beaucoup de nos maisons, ce qui m’a beaucoup marqué : voir notre maison, avec toutes les émotions et les histoires qu’elle accumule, commencer à l’état de matières premières relevait d’une sorte de magie ex nihilo qui m’est restée.

Peter : Je suis frappé par le fait qu’explorer de nouveaux procédés ne vous a jamais fait peur, exactement comme un céramiste. Quand j’ai fait votre connaissance, vous gardiez un souvenir très clair du temps où vous avez grandi en Floride. Considérez-vous toujours que c’était une expérience formatrice ?

Ethan : Absolument. C’est comparable à la façon dont je conçois mes premières expériences avec l’argile – il y a dans mon corps une mémoire physique. En fin de compte, la Floride est un endroit dont j’ai été heureux de partir, et ce rejet aussi a été formateur. J’ai quitté cette existence rurale du Sud pour continuer mes études et vivre en ville.