Aïda Bruyère

Red Lipstick Monsterz

October 19 - November 18, 2023

With Red Lipstick Monsterz, Aïda Bruyère has placed her work at the crossroads of multiple feminisms. Intersectional feminism, SlutWalk, and above all: lipstick feminism. In response to androgynous feminism, in which the fight for political equality and equal pay cannot be hijacked by considerations about women’s appearance, lipstick feminism is a third wave feminism that strives to deconstruct social norms, with a focus on empowering women through feminine expression and personal aesthetics, without this reducing women to stereotypes or sexual objects.

However, the critiques of beauty and sexuality that have divided feminism and the history of art must not be discarded, but rather considered from the perspective of pluralistic differences. Here, it is not about opposing political engagement and artifice, but about inhabiting this ambiguity: ultra-femininity, without any sense of humiliation or submission, acquires a positive and affirmative value. Furthermore, the discourse of aesthetics and politics can be envisaged as mutually constitutive, particularly since aesthetic discourse facilitates understanding of the social mechanisms of representation. Does choosing to express femininity not work to subvert the power relationships in the public space?

Where is the power in female sexuality when mainstream media largely determines its representations? It is not insignificant that hyperfeminine feminism evolved during the 1990s, in concert with a depreciation of the very idea of «beauty» in the history of art, which, at the time, was associated with the work’s commercial value and with art dealers. In contrast with the paradigmatic figure of the artistic genius, in Red Lipstick Monsterz  the painter is replaced by a make-up artist who plays with codes of horror (Spook House, slasher films), choosing the fluid image of ephemeral make-up over a fixed painting on the canvas. The monster, as evoked by Aïda Bruyère, overturns established norms while reflecting on dominant societal fears; Hollywood has often used the monster as a symbol for the collective anxieties of society.

It calls the production of hegemony into question, all while celebrating an appreciation of the difference embodied by the monster. Sounds of protest resonate within the heart of this installation, expressing the fight for equality and freedom. Punchy slogans, make-up videos with distorted faces against a backdrop of tradwife anti-feminism and expressivly running make-up celebrating excess all affirm the strength of a femininity that tends towards the monstrous. A fusion of humour and politics, Red Lipstick Monsterz unveils the complexity of infectious feminine energy and the desire that creates revolutionary change. Its glamour is disturbing because it pushes sensual suggestion almost to the point of violence: against the body itself or against stifling social conventions.

Elora Weill-Engerer,

Winner of the AICA 2023 Art Critics Prize

With the support of the Centre National des Arts Plastiques

Aïda Bruyère (born in Dakar, Senegal in 1995; works at Artagon, Pantin).

Through various mediums such as installation, printed images, performance, sound, and video,
she seeks to probe the challenges of representing individual and collective identities in public spaces. She dissects performative attitudes, fueled and activated by dance and feminine attire. More recently, she has focused her artistic research on the practice of makeup as a tool for female emancipation.

Laureate of the grand prize at the 64th Salon de Montrouge in 2019. Aïda Bruyère presented her work at Galerie Zilberman in Istanbul in 2023, at Palais de Tokyo in Paris in 2021-2022, at La Villette in Paris in 2021, at Doc! in Paris in 2019, and at 494 in Brussels in 2019. She graduated from the Beaux-Arts de Paris in 2020.
in Paris in 2019, and at 494 in Brussels in 2019. She graduated from the Beaux-Arts de Paris in 2020.

Avec Red Lipstick Monsterz, Aïda Bruyère situe son travail à la croisée de plusieurs féminismes. Féminisme intersectionnel, slut walk et surtout : lipstick feminism. En réaction à un féminisme d’aspect androgyne où le combat pour l’égalité politique et salariale ne pouvait être parasité par des considérations sur l’apparence des femmes, le lipstick feminism est un féminisme de la troisième vague qui s’est efforcé de déconstruire les normes sociales en mettant l’accent sur l’autonomisation des femmes à travers l’expression féminine et l’esthétique personnelle, sans que cela les réduise à des stéréotypes ou des objets sexuels.

Cependant, les critiques de la beauté et de la sexualité qui ont divisé le féminisme et l’histoire de l’art ne doivent pas pour autant être évacuées, mais considérées d’un point de vue des différences pluralistes. Ici, il ne s’agit donc pas d’opposer l’engagement politique et l’artifice mais bien davantage d’habiter cette ambiguïté : l’ultraféminité, débarrassée de toute idée d’humiliation ou de soumission, acquiert une valeur positive et affirmative. Plus encore, le discours esthétique et la politique peuvent être envisagés comme des concepts mutuellement constitutifs, notamment parce que le discours esthétique aide à comprendre les mécanismes sociaux de la représentation. L’expression d’une féminité assumée ne travaille-t-elle pas à bouleverser les rapports de pouvoir dans l’espace public ?

Où se situe le pouvoir de la sexualité féminine lorsque les médias main stream en déterminent largement les représentations ? Il n’est pas anodin de constater que le féminisme de l’hyperféminité se déploie dans les années 1990 de manière concommittante à une dépréciation de l’idée même de « beauté » dans l’histoire de l’art, alors associée à une valeur commerciale de l’œuvre et aux marchands d’art. Contre la figure paradigmatique du génie artistique, le peintre est remplacé, dans Red Lipstick Monsterz par une make-up artist qui joue avec les codes de l’horreur (Spook House, slasher movies), préférant à une peinture arrêtée sur la toile l’image liquide du maquillage éphémère. Le monstre, tel qu’évoqué par Aïda Bruyère, bouleverse les normes établies tout en reflétant les peurs sociétales dominantes : Hollywood a souvent utilisé le monstre pour symboliser les angoisses collectives de la société.

Remettre en question la production d’hégémonie tout en célébrant l’appréciation de la différence incarnée par le monstre. Au cœur de cette installation, résonnent les sons des manifestations, exprimant la lutte pour l’égalité et la liberté. Des slogans percutants, des vidéos de make-up déformant sur fond d’antiféminisme tradwife, des coulées expressives de maquillage célèbrent le débordement tout en affirmant la force d’une féminité qui tend au monstrueux. Fusion de l’humour et du politique, Red Lipstick Monsterz dévoile la complexité d’une énergie féminine contagieuse et d’un désir créateur de changement révolutionnaire. Son glamour dérange puisqu’il pousse la suggestion sensuelle jusqu’aux limites de la violence: celle  de son propre corps ou celle d’une convention sociale bâillonnante.

Elora Weill-Engerer,

Lauréate du prix de la critique d’art AICA 2023

Avec le soutien du Centre National des Arts Plastiques

Aïda Bruyère (née à Dakar, Sénégal en 1995; travaille à Artagon, Pantin).

Par l’installation, l’édition, la performance, le son,
la vidéo, Aïda cherche à sonder les enjeux de représentation des identités individuelles et collectives dans l’espace public. Elle décortique les attitudes performatives, nourries et activées par la danse et l’apparat féminin. Plus récemment, elle a focalisé ses recherches plastiques sur la pratique du maquillage comme outil d’émancipation féminine.

Lauréate du grand prix du 64e Salon de Montrouge en 2019. Aïda Bruyère a présenté son travail à la Galerie Zilberman à Istanbul en 2023, au Palais de Tokyo à Paris en 2021-2022, à La Villette à Paris en 2021, au Doc! à Paris en 2019, ou encore au 494 à Bruxelles en 2019. Elle est diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2020.