Rose Barberat

Le Foyer

September 7 - October 7, 2023

Le Foyer (etymologically, “the domestic hearth” in French) underwent an unprecedented revolution in the 1960s when the washing machine, a symbol of women’s liberation, was widely introduced. With this series, Rose Barberat pens a sarcastic ode to this everyday machine. For the artist, it is when the washing machine is shared that it best reveals the blind spots in our social interactions. The launderette therefore serves as the ultimate common place, as this series of large format canvases shows, offering a delirious foray into this place of collective intimacy.

Real life elements are intermittently spread across the white space of the gallery. “Beyond a simple image and setting,” explains the artist, “this is a first attempt at an installation.” In the form of a pictorial story, she sketches a new kind of totem path, depicting half flying machines, half useful objects, around which numerous rituals take place on a daily basis. These strange machines echo science fiction utopias and the imagery of book illustrations and fanzines from the 1970s. The origin of this motif can be seen in Kubrick, Orwell, or even the futurists that came before the cult of human augmentation.

This is precisely what is reflected in the canvas Inertia, which shows the central drum spinning the body of a man (her brother), who is subjected to the mechanisms of the machine. The nude form, shown in four different poses, suggests speed and reminds us of human subservience to technique, which will soon be replaced by technology. Moreover, the successive allusion to this allegory for care (the washing machine which has been long associated with femininity) and to the mental load that has long been the responsibility of women, combined with strength (the masculine musculature), serve to question representations of gender identity.

The four smallest canvases, entitled The Vestal Series, continue this theme. Ironically presented in honour of Vesta, ancient goddess of the home and family, they subtly shift the perspective to reveal new deified objects. If the pieces are reminiscent of the atomic era’s fascination with the conquest for a new world and the promise of plastic offered by progress with petrochemistry, it is because space age design engendered social utopia, in the same way as the widespread introduction of washing machines in post-industrial homes. The polished round form of the spinning drums, a barely concealed nod to spatial imagery, combines with the characteristic orange and white duotone of the period. Rose Barberat’s work is full of these multiple references; it is also reminiscent of 1960s pop art in the way that it questions our relationship with day-to-day objects.

In the wake of the realist tradition and its focus on trompe-l’œil, Rose Barberat’s paintings have multiple layers: archetypes, signs, and symbols that blend without hierarchy. The pictorial space becomes a place of associated codes, fragmented identities, and individual and shared stories. Sometimes anachronistic, and often contradictory, the images conjured up create worlds which are neither totally familiar, nor totally alien to us.

 

Sophie Bernal

 

Rose Barberat (born in 1994 in Saint-Claude, France) works at Poush, Aubervilliers. She holds a degree in Modern Literature, a Master’s in Literary Creation from the University of Cergy-Pontoise, and graduated from the École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris in 2021.

Rose Barberat is represented by the PACT Gallery, which offered her very first solo exhibition in 2021. In the meantime, the artist has participated in exhibitions at the Steve Turner Gallery in Los Angeles, the MOCO La Panacée in Montpellier in 2023, the Givon Art Center in Tel Aviv, Israel, the Jo-hs Gallery in Mexico where she also resided, at Venice during the Biennale with the T&L Gallery, and at Poush Manifesto in Clichy in 2022.

Barberat develops a figurative pictorial vocabulary using references to the narrative, the genre of the novel and more specifically to autofiction. In her work, she seeks to provoke a shift, a disorder where doubt interferes between what is probable and what is real. Her paintings are conceived as objects of contemplation and discuss the idea of an artificial staging based on real facts. The artist creates fictions from documents taken from photographic sources. Starting from an image allows her to discuss the seduction it exerts, while giving an idea several appearances, several versions that lead to painting.

Le Foyer – étymologiquement « le feu domestique » – connaît dans les années 1960 une révolution sans précédent lorsque le lave-linge, symbole de libération des femmes, y est massivement introduit. Rose Barberat signe avec cette série une ode sarcastique à l’objet machinique du quotidien par excellence. Pour l’artiste, c’est lorsqu’il est partagé que le lave-linge raconte le mieux les angles-morts de nos interactions sociales. Le lavomatique se donne alors comme ultime lieu commun, comme le montre cette série de toiles grand-format, qui offre une incursion délirante dans ce lieu de l’intime collectif.

Çà et là, des éléments du réel viennent joncher l’espace blanc de la galerie. « Au-delà de la simple image avec un décor, raconte l’artiste, il s’agit d’une première tentative d’installation. » Sous la forme d’un récit pictural, elle trace un parcours de totems 2.0, mi machines volantes mi objets utiles, autour desquels se jouent nombre de gestes ritualisés du quotidien. Ces étranges machines renvoient aux utopies scientifiques d’anticipation – des imageries qu’on retrouve dans les illustrations de livres et fanzines des années 1970. L’origine de ce motif est à chercher du côté de Kubrick, Orwell ou encore des futuristes préludant au culte de la machine comme extension humaine.

C’est précisément ce que raconte la toile Inertia, dans laquelle le tambour central fait tournoyer le corps d’un homme – celui de son frère –, soumis aux rouages de la machine. Le corps dénudé, étudié sous quatre poses différentes, suggère la vitesse autant qu’il rappelle l’asservissement humain face à la technique, qui laissera bientôt place à la technologie. Et l’allusion successive à la figure allégorique du soin (le lave-linge longtemps associé à la féminité), comme à la charge mentale qui a longtemps incombée aux femmes, et de la force (la musculature masculine) a pour effet d’interroger les représentations des identités genrées.

La série des vestales – c’est le titre des quatre toiles de plus petit format – poursuivent cette idée. Ironiquement données comme une éloge à Vesta, déesse antique de la maison et de la famille, elles déplacent d’un poil le curseur pour révéler de nouveaux objets déifiés. Si les œuvres rappellent la fascination pour la conquête d’un monde nouveau à l’ère atomique et les promesses du plastique offertes par les progrès de la pétrochimie, c’est que le space age design a été porteur d’utopies sociales, au même titre que l’a été l’introduction massive des lave-linges dans les foyers post-industriels. À la forme léchée et arrondie des tambours en marche, clin d’œil à peine dissimulé à l’imagerie spatiale, s’ajoute la bichromie blanc-orange caractéristique de la période. Truffée de ces multiples références, l’œuvre de Rose Barberat rappelle la déferlante pop des années 1960 autant qu’elle questionne notre rapport aux objets du quotidien.

Dans le sillage de la tradition réaliste avec un jeu sur le trompe-l’œil, la peinture de Rose Barberat fonctionne par strates : archétypes, signes et symboles se rencontrent sans hiérarchie. L’espace pictural devient le lieu d’associations de codes, d’identités morcelées et d’histoires communes et individuelles. Parfois anachroniques, souvent contradictoires, les images convoquées ont pour effet de fabriquer des mondes qui ne nous sont ni totalement familiers ni totalement étrangers.

 

Sophie Bernal

 

Rose Barberat (née en 1994 à Saint-Claude, France) travaille à Poush, Aubervilliers. Elle est diplômée de Lettres Modernes, d’un Master en création littéraire à l’Université de Cergy-Pontoise, et de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris en 2021. Barberat a exposé son travail à la Galerie PACT en 2021 et 2023 et à la galerie Steve Turner à Los Angeles en 2023. Son travail a par ailleurs été exposé au MOCO La Panacée à Montpellier en 2023, au Givon Art Center de Tel Aviv, Israel, à la Galerie Jo-hs à Mexico où elle a par ailleurs résidé, à Venise pendant la Biennale avec la Galerie T&L et à Poush Manifesto à Clichy en 2022 etc.

Barberat développe un vocabulaire pictural figuratif usant de références à la narration, au genre du roman et plus précisément à l’autofiction. Elle recherche dans son travail pictural à provoquer un décalage, un trouble où le doute s’immisce entre ce qui est probable et réel. Ses peintures sont conçues comme des objets de contemplation et discutent l’idée d’une mise en scène artificielle à partir de faits réels. L’artiste crée des fictions à partir de documents issus de sources photographiques. Partir d’une image lui permet de discuter de la séduction qu’elle exerce, tout en donnant à une idée plusieurs apparitions, plusieurs versions qui aboutissent à la peinture.