Group Show
Be The Holy
May 15 - June 15, 2025
(11 Rue Pastourelle, 75003 Paris)
“The sacred is what burns, what consumes, what exposes.”
— Georges Bataille, The Accursed Share, 1949
Christian art is not a closed chapter. It is not a historical period. It is a matrix. A factory of images. A visual language the West continues to speak — often unknowingly.
For more than fifteen centuries, Western art was religious — not in subject matter, but in structure. It learned to depict the unrepresentable, to expose the invisible, to translate mystery into form, flesh, and light. It made pain an axis, verticality a promise, the wound a passage. It showed death, glory, tenderness, shame, faith, fall, silence, sacrifice. It produced a plastic system of which we are, still today, the heirs.
The Be The Holy project begins there. Not to revive faith. Not to archive it. But to question how this iconography still acts — in bodies, in gestures, in formats, in the gaze.
This is not a “dialogue” between past and present. It is a direct confrontation. A clear, intentional hang, without hierarchy or irony, between genuine religious works — painted in faith, in prayer, under liturgical command — and works of today, created by young, free artists, some believers, many not, all infused — knowingly or not — with what Christian civilization has imprinted in the substance of art.
Here, the sacred is no longer imposed. It is inherited, transformed, digested, sometimes rejected — but never entirely erased.
It circulates. It returns in the light of a background, in the silence of a gaze, in the gravity of a vertical axis, in the way a figure holds itself within a frame.
It returns in the absence of the frame.
It returns in texture, in void, in refusal of the image.
Because the sacred is not a subject. It is an operation.
It is what works the form from its reverse.
It is what exposes an unresolved tension between the world and what exceeds it.
Be The Holy does not attempt to resolve that tension. It stages it. It gives it space.
It does not believe in commentary. It believes in the persistence of certain forms, even after their function has collapsed.
This is not a return of religion. Nor is it a tribute.
It is a state.
The state in which our culture — secularized, fragmented, plural — continues to carry the religious, not as belief, but as the affective structure of the visible.
A collective memory embedded in the very matter of art.
This is an exhibition made without certainty.
But with clarity.
With the conviction that certain images — even stripped of theology — still stand.
That they still hold thought.
Emotion.
A tremor.
Here, there is faith — and its exhaustion.
Beauty — and its violence.
Mysticism — and atheism.
There is the Christ, the cross, the Pietà, angels, demons, Virgins, wounds, absences, tears.
And there is what these forms still produce today, in the hands of artists who seek neither to believe nor to destroy, but to still hold what we no longer dare call sacred.
Art does not replace God.
It never needed to.
But it inherits His ruins, His architectures, His intensities.
And that is where Be The Holy stands.
On that line.
Thin, uncertain, but enduring.
Between the sacred that burns and the world that trembles.
Between the image that fades and the one that resists.
Between what we have lost and what we refuse to abandon.
This is not an exhibition to understand.
It is an exhibition to recognize.
To recognize in form what remains.
To recognize in art what endures.
To recognize in the gaze what does not yield.
What we once called religious has become aesthetic.
What we once called mythological has become structure.
What we once called lost is still there.
Not in faith.
In form.
And perhaps this is what it means, today, to be holy:
not to believe,
not to know,
but to stand within the form,
with what still burns.
Pierre-Arnaud Doucède
“Le sacré est ce qui brûle, ce qui consume, ce qui expose.”
— Georges Bataille, La Part maudite, 1949
L’art chrétien n’est pas un chapitre clos. Ce n’est pas une période historique. C’est une matrice. Une fabrique d’images. Une langue visuelle que l’Occident continue de parler, souvent sans le savoir.
Pendant plus de quinze siècles, l’art occidental a été religieux — non pas par sujet, mais par structure. Il a appris à figurer l’infigurable, à exposer l’invisible, à traduire le mystère en forme, en chair, en lumière. Il a fait de la douleur un axe, de la verticalité une promesse, de la plaie un passage. Il a donné à voir la mort, la gloire, la tendresse, la honte, la foi, la chute, le silence, le sacrifice. Il a produit un système plastique dont nous sommes, encore aujourd’hui, les héritiers.
Le projet de Be The Holy part de là. Non pas pour rejouer la foi. Non pas pour en faire une archive. Mais pour interroger la manière dont cette iconographie agit encore — dans les corps, dans les gestes, dans les formats, dans les regards.
Il ne s’agit pas ici de “dialogue” entre ancien et contemporain. Il s’agit de confrontation directe. D’un accrochage net, assumé, sans hiérarchie ni ironie, entre des œuvres religieuses authentiques — peintes dans la foi, dans la prière, dans le commandement liturgique — et des œuvres d’aujourd’hui, portées par des artistes jeunes, libres, parfois croyants, souvent non croyants, toujours imprégnés, malgré eux ou à travers eux, de ce que la civilisation chrétienne a laissé dans la matière de l’art.
Ici, le sacré n’est plus imposé. Il est hérité, transformé, digéré, parfois rejeté, mais jamais tout à fait effacé.
Il circule. Il revient dans la lumière d’un fond, dans le silence d’un regard, dans la gravité d’un axe vertical, dans la manière même dont une figure se tient dans le cadre.
Il revient dans l’absence même de cadre.
Il revient dans la texture, dans l’évidement, dans le refus de l’image.
Car le sacré n’est pas un sujet. C’est une opération.
C’est ce qui travaille la forme depuis son envers.
C’est ce qui expose une tension non résolue entre le monde et ce qui le déborde.
Be The Holy ne cherche pas à résoudre cette tension. Elle la met en scène. Elle en pose l’espace.
Elle ne croit pas au commentaire. Elle croit à la persistance de certaines formes, malgré l’effondrement de leur fonction.
Il ne s’agit pas ici d’un retour du religieux. Il ne s’agit pas d’un hommage.
Il s’agit d’un état.
L’état de ce que notre culture — sécularisée, fragmentée, plurielle — continue de porter du religieux, non pas comme foi, mais comme structure affective du visible.
Une mémoire collective, logée dans la matière même de l’art.
C’est une exposition faite sans certitude.
Mais avec clarté.
Avec la conviction que certaines images — même vidées de leur théologie — tiennent encore debout.
Qu’elles soutiennent encore une pensée.
Une émotion.
Un tremblement.
Il y a ici la foi. Et son épuisement.
Il y a la beauté. Et sa violence.
Il y a la mystique. Et l’athéisme.
Il y a le Christ, la croix, la Pietà, les anges, les démons, les Vierges, les plaies, les absences, les pleurs.
Et il y a ce que ces formes produisent aujourd’hui, dans les mains d’artistes qui ne cherchent ni à croire, ni à détruire, mais à faire tenir encore ce qu’on n’ose plus appeler sacré.
L’art ne remplace pas Dieu.
Il n’en a jamais eu besoin.
Mais il hérite de ses ruines, de ses architectures, de ses intensités.
Et c’est là que se tient Be The Holy.
Sur cette ligne.
Fine, incertaine, mais tenace.
Entre le sacré qui brûle et le monde qui vacille.
Entre l’image qui s’efface et celle qui résiste.
Entre ce que nous avons perdu et ce que nous refusons d’abandonner.
Ce n’est pas une exposition pour comprendre.
C’est une exposition pour reconnaître.
Reconnaître dans la forme ce qui reste.
Reconnaître dans l’art ce qui tient.
Reconnaître dans le regard ce qui ne cède pas.
Ce que l’on croyait religieux est devenu esthétique.
Ce que l’on croyait mythologique est devenu structure.
Ce que l’on croyait perdu est encore là.
Pas dans la foi.
Dans la forme.
Et c’est peut-être cela, aujourd’hui, être saint :
ne pas croire,
ne pas savoir,
mais se tenir debout dans la forme,
avec ce qui brûle encore.
Pierre-Arnaud Doucède