Emily Ludwig Shaffer

The Fosse Way

October 23 - December 20, 2025

THE FOSSE WAY

There’s a nearly invisible diagonal line that crosses England called The Fosse Way. If you type « Fosse » into Google maps, a series of red dots for various businesses pop up in a SW by NE line across the country. Establishments ranging from counseling services, schools, auto parts centers, parking lots, and even a prison bear the name of this ancient road. Zoomed in and with satellite view on, you can make out a nearly straight line connecting them. This Roman road established two thousand years ago has all but disappeared in its original form but its ghost remains in the modern landscape as parts of major highways, country lanes, walking trails, airport tarmacs, driveways, and sometimes just as a fence or a line of trees separating two properties.

This phenomenon could be called a palimpsest, but I don’t think that fully describes it. The idea of a palimpsest comes from the old practice of recycling valuable parchment by scraping off the top layer to make room for new texts, leaving traces of the old writing beneath. However, when the new text was added on top, its meaning and form was not influenced by the erased text, it simply shared the same substrate. Historical forms like the Fosse Way have a persistence; they direct bodies and shape landscapes over generations which adds a spiritual and psychological element. I believe that when we physically walk these paths or enter these spaces we’re communing with the dead – a collective unconscious guides us, and we can let go of individualistic illusions of control.

The paintings and murals that comprise this exhibition have rigid pathways through them that seem at times both arbitrary and planned. In one, a series of random blue objects align with a sliver of sky at the bottom of a window, in another, a grid reverberates through the architecture and design motifs of a room. This body of work is an opportunity to focus on something I’m constantly wondering in the studio: how much control do I really have, and how much are the images and forms in my mind dictated by well worn pathways that were laid down before me?

Each of the works in this exhibition is a reflection on various spaces and events from my past year: being pregnant for the second time, raising two small children, moving just outside of the city to a house with a yard, having a studio in my home, and curating our new environs to fit the aesthetics and values that we wish to pass on. While each painting has a logic of its own, I’ve extended lines, colors, and motifs from some of the works onto the gallery walls. This is the fourth solo exhibition I will have mounted in this room so its architecture is embedded in my brain. The murals that accompany the works are intended to bring these questions of history, control, and intergenerational patterns into the space of the room, and to acknowledge the years-long influence this space has had on my own path.

THE FOSSE WAY

Il existe en Angleterre une ligne diagonale presque invisible appelée The Fosse Way. Si l’on tape “Fosse” sur Google Maps, une série de points rouges apparaît, formant une ligne du sud-ouest au nord-est du pays. Des établissements de toutes sortes, des services de conseil, des écoles, des centres automobiles, des parkings et même une prison, portent le nom de cette ancienne route. En zoomant avec la vue satellite, on distingue une ligne presque parfaitement droite reliant ces lieux. Cette voie romaine, tracée il y a deux mille ans, a presque disparu sous sa forme originale, mais son fantôme subsiste dans le paysage contemporain : on la retrouve par fragments dans des autoroutes, des chemins de campagne, des sentiers de marche, des pistes d’aéroport, des allées privées, ou parfois simplement sous la forme d’une clôture ou d’un alignement d’arbres séparant deux terrains.

On pourrait appeler ce phénomène un palimpseste, mais ce terme ne suffit pas à le décrire. Le palimpseste désigne la pratique ancienne qui consistait à réutiliser un parchemin en grattant la couche supérieure pour y écrire un nouveau texte, laissant apparaître des traces de l’ancien dessous. Mais dans ce processus, le nouveau texte n’était pas influencé par le précédent, il partageait seulement le même support. Les formes historiques, comme The Fosse Way, possèdent quant à elles une persistance : elles orientent les corps et modèlent les paysages à travers les générations, ajoutant une dimension spirituelle et psychologique. Je crois que lorsque nous marchons physiquement sur ces chemins ou que nous pénétrons dans ces espaces, nous entrons en communion avec les morts ; un inconscient collectif nous guide, et nous pouvons alors abandonner l’illusion individualiste du contrôle.

Les peintures et fresques qui composent cette exposition sont traversées par des tracés rigides, à la fois arbitraires et planifiés. Dans l’une, une série d’objets bleus aléatoires s’aligne avec une mince bande de ciel visible au bas d’une fenêtre ; dans une autre, une grille se propage à travers l’architecture et les motifs décoratifs d’une pièce. Ce corpus est pour moi l’occasion de me concentrer sur une question que je me pose constamment dans l’atelier : combien de contrôle ai-je vraiment ? Et combien les images et les formes dans mon esprit sont-elles dictées par des voies bien tracées, établies avant moi ?

Chacune des œuvres de cette exposition renvoie à des espaces et à des événements vécus au cours de l’année écoulée : ma seconde grossesse, le fait d’élever deux jeunes enfants, de m’installer à la périphérie de la ville dans une maison avec jardin, d’avoir un atelier à domicile, et de façonner cet environnement en accord avec les esthétiques et les valeurs que nous souhaitons transmettre. Si chaque peinture suit sa propre logique, j’ai prolongé certaines lignes, couleurs et motifs des toiles sur les murs de la galerie. C’est la quatrième exposition personnelle que je présente dans cette même salle, dont l’architecture est désormais inscrite dans ma mémoire. Les fresques qui accompagnent les œuvres visent à faire entrer dans l’espace d’exposition ces questions d’histoire, de contrôle et de répétition intergénérationnelle, tout en reconnaissant l’influence durable que cette pièce a eue sur mon propre parcours.