Tyler Thacker

Double Bind

June 20 - July 26, 2019

Tyler Thacker is an American visual artist based out of the greater New York area. With no prior education, the artist taught himself to paint using YouTube tutorials while executing slapdash commissions of people’s grandchildren and pets. His own paintings focus on nonhuman intelligence – recombining visual cues from historical Flemish vanitas and commercial advertising into chaotic scenes where objects are formally stripped of their objectivity. Primary modes of conceptualization are plucked from Post-Structuralism, online truther antagonisms, and Accelerationism, then injected with a perverted nostalgia for the European Baroque and American Transcendentalism. Tyler Thacker’s painted landscapes are often littered with plastic ephemera, 3D modeled classical imagery, elemental energies (i.e. fire/ water/ gas), emboldened visual languages extracted from the contemporary zeitgeist, fake news, bodiless hands of anonymous authorship, ubiquitous icons, various sentient technologies and corporate anthropomorphs as xeno-prophets of the future to we are trying to catch up. Tyler Thacker doesn’t regard his a posteriori output as surrealistic by virtue of lacking REM Sleep, and prefers to frame these labored-over luxurious objects as bathed in the wanton light of libidinal economies qua accelerated hyperrealism. Washed up on the riverbank of cybernetics, drenched in ruinous dogma and an esoteric metaphysics, Tyler Thacker is a fully jacked in bastard child of the Dark Enlightenment.

«As an epoch encroaches where manual labor (and conceivably intellectual labor) are automated by alien technologies in the truest Marxian sense, what can we make of a bottlenecked anthropocentric contribution? Perhaps on such a day we can all become artists or philosophers. Until then, eliminative materialists and cosmic pessimists alike are bound within a meretricious feedback loop: a moat whose streaming waters are ensconced by pretentious alt facts. In the face of this halting problem, I am predominantly concerned with how to nurture a techno-centric visual advocacy devoid of closed-circuit Logos, as conduit for unhuman language and intelligence. When calling loudly enough into a world without us, I frequently receive personalized rejoinders in a voice resoundingly indistinguishable from my own, but wholly of an ancient other. This is feral spirituality SANS popular opinion or oedipus, this is schizogenesis born from a double bind.»

Carlos

Tyler Thacker (né en 1984) est un artiste américain basé à l’orée du Greater New York. Après une indisposition contagieuse entre le passage à l’an 2000 et 2012, Tyler Thacker s’est tourné vers la peinture à l’huile comme moyen d’explorer des recoins hors de portée pour la thérapie, le milieu universitaire, la théologie ou le charlatanisme de l’entraide.

Sans formation préalable, Tyler Thacker a appris à peindre en utilisant les tutoriels YouTube et en s’exerçant par expérience grâce aux commandes passées au profit des petits-enfants d’un tel et des animaux domestiques d’un autre. Les peintures de Thacker se concentrent sur l’intelligence non-humaine. Elles s’inspirent d’indices visuels issus des vanités flamandes du XVIIè siècle et de la publicité commerciale du XXIème. Le post-structuralisme, les antagonismes de la vérité en ligne et l’accélérationnisme sont autant de concepts fondamentaux auxquels il injecte une nostalgie pervertie pour le baroque européen et le transcendantalisme américain. Les paysages entropiques peints par Thacker sont parsemés d’éphémères plastiques, d’images classiques modélisées en 3D et d’énergies élémentaires (feu/eau/gaz). Ils se nourrissent d’un langage visuel enhardi du zeitgeist contemporain, laissant apparaitre des mains sans corps, des icônes et logos omniprésents,  diverses technologies sensibles sinon conscientes et autant d’anthropomorphes corporate érigés en xéno-prophètes du futur. Tyler Thacker ne se perçoit pas comme surréaliste (qu’il serait grâce à un manque de sommeil paradoxal) et voit seulement ses objets luxuriants ultra sophistiqués et baignés de la lumière exubérante de nos économies libidinales comme une sorte d’hyperréalisme accéléré. Loin des dogmes ruineux et de la métaphysique ésotérique de notre ère qu’il abandonnerait volontiers, Tyler Thacker se revendique un enfant bâtard du Siècle des Lumières.

Tyler Thacker a récemment exposé à la galerie Downs & Ross (New York City) en 2018 et a notamment curaté l’exposition « Body Language » la Powrplnt Gallery en 2016. Il est récipiendaire de bourses internationales et des programmes honorifiques de UCLA, CalArts, New Centre, Art Students League et BHQFU. La commande est son canal de production préféré, lui permettant de réaliser des compositions plus ambitieuses à grande échelle, rendues avec la plus fine touche humaine que l’argent puisse se permettre.

Quelques mots de l’artiste :

À l’époque qui se profile, dans laquelle le travail manuel -et vraisemblablement le travail intellectuel, sont/seront automatisés par des technologies aliénantes au sens marxiste du terme, que faire d’une contribution anthropocentrique rétrécie ?

Cette époque venue, peut-être deviendrons-nous tous artistes ou philosophes. D’ici là, les éliminativistes et les pessimistes cosmiques [d’après l’acception d’Eugène Thacker] sont doublement liés dans une boucle de rétroaction clinquante : un fossé dont les eaux ruisselantes sont salies de fake news. Face à notre problème d’arrêt [cf. Théorie d’Alan Turing], je suis particulièrement préoccupé par le langage et l’intelligence inhumains. Lorsque je parle suffisamment fort dans le vide, je reçois une réponse en écho, d’une voix qui ne peut être distinguée de la mienne, mais que je sais émaner d’ailleurs. C’est la spiritualité SANS opinion populaire ou Oedipe, c’est la double contrainte*.

Une double contrainte (de l’anglais double bind) est une situation dans laquelle une personne est soumise à deux contraintes ou pressions contradictoires ou incompatibles.